Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la première immigration saisonnière marocaine n’était pas le fait d’ouvriers agricoles embauchés occasionnellement afin de répondre à un déficit en main-d’œuvre chez les maraîchers et dans les vignobles européens. Amorcée par quelques dizaines d’individus au XIXe siècle, elle ne se composait – étrangement, car le cas est unique au Maghreb – que de troupes d’acrobates recrutés par les cirques occidentaux. C’est ainsi que dès le début du XXe siècle, des centaines d’acrobates marocains iront évoluer sur les scènes et sous les chapiteaux les plus prestigieux du monde, tradition qui sera maintenue par les générations suivantes.

Echappant ainsi au statut d’artistes de rue ou folkloriques dans lequel leur pays les avait toujours confinés, ces hommes et ces femmes feront de la ville de Tanger, étape vers Gibraltar, la plaque tournante de l’acrobatie au Maroc.

C’est dans ville, où ils revenaient faire souche après leur périple artistique à travers le monde, qu’ils fondèrent une école informelle de cirque. C’est à une rencontre de ces artistes venus pour la plupart du Sud marocain – et dont certains sont encore vivants- que nous invite le présent ouvrage.